Gracias a dios es viernes II

Je trouvais que la semaine avait été longue, c’est vendredi soir, j’avais juste envie d’être tranquille avec un verre de vin pis un livre. J’avais plus de vin chez moi pis de toute façon il faisait trop chaud dans l’appart, alors je me suis dirigée vers un bistro à une dizaine de minutes de chez moi. Ça fait weird, mais j’aime vraiment ça sortir seule après avoir vu du monde toute la semaine. J’aime ça être dans ma bulle, entourée de monde qui parlent entre eux, ça me fait du bien, ça me repose.

Un homme, dix-quinze ans de plus que moi, vaguement douchebag, salement costaud, me demande si le siège à côté de moi est libre. Euh, ouais. Il s’assoit et me regarde avec insistance. Je l’ignore. Il me demande s’il me dérange. Euh… non… « Mais j’ai pas vraiment envie de discuter, désolée. » (Il peut bien supposer qu’une fille seule à un bar a le goût de se faire aborder, mais si j’élucide rapidement la question il va comprendre, non?) J’essaie de me remettre dans mon livre mais il continue à me regarder. « T’es pas à la bonne place pour ça! » Il met sa main sur mon épaule, me demande si je veux un verre. Dans ma tête, ok ok, c’était pas un bon plan de soirée mon affaire. J’ai jamais eu de talent pour gérer ces situations-là. Je dis non merci, je cale le verre de vin que j’avais déjà et je vais à la salle de bain, puis à la caisse pour payer. À l’autre bout de la place, je vois qu’il s’est levé; il attend tranquillement juste devant la porte.

Peur irrationnelle.

Je suis pas petite, mais il est beaucoup plus haut et large. Pis si je suis une bonne liseuse de caractère, c’est pas le genre de personne que j’ai envie de compter parmi mes amis. L’absence de quoi que ce soit d’utile dans mon sac au cas où il lui prendrait l’envie de me suivre jusqu’à chez moi me traverse l’esprit. Je m’enferme tu dans les toilettes en espérant qu’il décrisse?

Je prends mon téléphone et quand je passe devant lui, je fais semblant d’être très concentrée à rire d’une conversation avec une personne imaginaire. Il commence une motion vers moi, mais je passe très vite, toujours absorbée « au téléphone ». Il ne me suit pas et je ne me retourne surtout pas avant d’avoir passé le coin de la rue.

Niaiserie de même.

Fécondation in vitro, mères porteuses et homoparentalité

Tsé, quand tu te chicanes sur Facebook et que tu sais pertinemment que c’est inutile parce que 2 personnes vont peut-être lire jusqu’au bout, dont aucune n’est ouverte à changer d’idée; ben d’habitude, t’évites ça. Pour une rare fois, je me suis entêtée, alors aussi bien en faire un billet, question de pas tout perdre ce que j’ai écrit (et de me dire que j’ai pas juste perdu une heure pour rien).

La fécondation in vitro répond à un supposé « droit à l’enfant », droit pour lequel peut tolérer que l’enfant ne connaisse jamais son héritage biologique : débat numéro 1.

On a décidé que la collectivité devait subventionner cette fécondation in vitro : débat numéro 2.

On se demande maintenant comment permettre/encadrer les mères porteuses : débat numéro 3, suscitant des questions intéressantes sur la souveraineté de la femme sur son corps.

Des débats 1 à 3, mes positions ne sont pas immuables et je suis ouverte à la discussion. À condition que l’on fasse totalement abstraction du genre et de la sexualité des parents, là-dedans.

Là où la question n’est PAS intéressante, c’est lorsqu’on remet en question l’homoparentalité. Débat numéro 4, sur lequel je ne suis pas contente de m’exprimer en 2014.

Je suis régulièrement surprise de constater que, bien qu’il soit unanimement admis qu’il vaut mieux pour un enfant d’être aimé par des parents homosexuels que pas du tout (j’peux pas croire que je sois en train d’écrire ça), la question de savoir s’il est éthique de concevoir des enfants est très controversée, non en soi, mais seulement lorsqu’ils sont « destinés » à des parents de même sexe.

Quel aspect de l’homoparentalité a des impacts sur le développement affectif primaire, exactement? C’est d’être élevé par deux personnes de même sexe qui est problématique, ou d’être élevé par des parents qui ont un certain type de sexualité, d’après vous?

Vous ne pouvez avoir que deux prétextes pour vous méfier de l’homoparentalité : ou vous croyez que la différence entre les sexes est fondamentalement définitoire dans le rapport avec l’enfant (les mères sont comme ci, les pères sont comme ça), ou vous croyez que la sexualité des parents elle-même a un impact sur leur développement (auquel cas, on nie que l’hétérosexualité est elle-même infiniment diversifiée et on affirme qu’une forme est plus saine qu’une autre).

Comme femme hétérosexuelle, je refuse que mon rôle, mon rapport, ma relation à ma famille soit prédéfinis par mon genre. Les attentes sociales par rapport aux rôles affectifs des sexes ne conviennent pas à tout le monde, et c’est ça qui est sain; ce qui ne l’est pas, c’est de se renier soi-même pour se conformer à la pression de ces attentes.

Personne n’est contre la poursuite de recherche objective. Cependant, la littérature actuelle ne démontre à peu près rien de plus, et rien de moins, que la normalité, n’en déplaise à quelques critiques rappelant vaguement nos chers climatoseptiques*. Il n’y a aucune, aucune raison d’ostraciser un groupe de personnes pour l’amour qu’elles peuvent ressentir le besoin de porter et, surtout, de se prémunir d’un droit que l’on décide d’accorder aux autres.

Personne n’est parfait. Exiger que l’on ne conçoive que des enfants parfaits, destinés à des contextes parfaits, est absurde; et l’homosexualité, elle, n’est pas une imperfection.

Ceux qui prétendent vouloir s’assurer du développement optimal des enfants devraient mettre leurs énergies dans l’établissement d’une meilleure justice sociale, laquelle aura un effet beaucoup plus étendu, certain et global que les tentatives de chercher de petites croches supposément subconscientes dans l’homoparentalité.

*L’absence de c à -sceptique est un choix sémantique.

Coming out

Un retour sur mes premiers jours de campagne! 

Je vous mentirai pas, c’est tough. Je savais pertinemment dans quoi je m’embarquais, mais pareil. Je le connais mon West Island. J’y suis née, j’y ai été élevée et j’y ai eu mes premières émotions politiques, au secondaire.

Généralement, c’est le fun : j’adore ça. Les gens ici sont pas habitués qu’on leur parle de politique québécoise. Pourtant, ils aiment en parler, même si c’est juste pour me dire pourquoi je suis dans le mauvais camp… 😉 Et souvent, ils sont surpris que je tienne mon bout, que je déconstruise leurs préjugés. Pis que je sois capable de le faire en anglais, à part de ça. Ça, ça leur est jamais arrivé.

« – You must hate Canada », qu’on me dit.
« – No, I love it. I just don’t think we’ve been working in each other’s interests. »

Pis on me recontacte, on m’ajoute sur Facebook. Des fois, je vois des personnes que je viens de rencontrer aimer notre page et encourager leurs amis à voter pour nous, et ça me rend tellement heureuse! Ou encore, des amis du coin, avec qui j’ai presque pas eu de contact depuis le cégep, m’appuient sur leur page personnelle ou en message privé. Vous avez pas idée comme vous me faites du bien!!

D’autres fois, comme ce matin, je manque de courage. C’est tellement dur d’aborder les gens. T’es là avec ton cahier de signatures, pis tu sais qu’ils vont te demander « so what is Option nationale, what do you stand for? ». Tu veux rester intègre, mais c’est tellement tentant de pas le dire. Tu pourrais réciter toute notre plateforme, qui est si belle, sauf notre point un. Tu joues finalement pour la franchise. « We’re for the independance of Quebec ». Quatre fois sur cinq, on te répondra : « Sorry, I can’t sign your document ». Même pour la démocratie? Pour que je puisse voter pour moi-même? Pour encourager des jeunes qui travaillent fort sans rien avoir à espérer en retour, seulement de changer un tout petit peu les choses? Non.

Ce matin, j’ai choké. J’ai seulement souri aux gens à l’arrêt d’autobus. Je leur ai pas parlé. Je leur ai pas demandé de signer mon cahier.

Quand tu dis que t’es souverainiste ici, on te colle plein d’étiquettes. T’es raciste. T’haïs les Anglais. Bref, pas des belles choses. Quand je peux jaser un peu, ça va : les gens se rendent vite compte que je suis ni imbécile, ni raciste. Le plus tough, c’est quand on te parle pas après ton « aveu ». Qu’on te regarde pas, comme si t’étais un méchant.

C’est un coming out.

Mais je reprends mon courage à deux mains et je continue. Il y a des gens qui sont perceptifs. Les jeunes, surtout, sont allumés, intéressés et ouverts. Si tous les indépendantistes les ignorent, je comprends qu’ils aient l’impression qu’on les exclut du projet! Pis c’est tellement dur de réparer la communication quand elle est brisée!

J’ai régulièrement besoin de me reconvaincre que je fais la bonne chose, que c’est pas une cause perdue. Vos encouragements sont ma plus belle récompense. 

Puis si vous pouvez vous le permettre, si vous croyez que c’est utile et nécessaire, vous pourriez contribuer à ma campagne. Un pancarte coûte 30$. Ça m’aiderait, pour être prise au sérieux, d’en avoir quelques unes sur les boulevards Des Sources, Gouin et Saint-Jean; pas parce que je tiens particulièrement à voir partout cette photo de ma grosse face où je souris awkwardemment pour éviter de montrer mes broches… 🙂 Mais juste pour que les gens m’accordent un peu plus de temps devant l’Euro-Marché, puis pour que ceux qui m’ont croisée un jour ou l’autre dans le West Island savent que j’assume mon coming out indépendantiste. C’est ici :
https://s.optionnationale.org/securisation/civicrm/contribute/transact?reset=1&id=10.
Et pour rappel, je me présente dans Robert-Baldwin.

Elle est moins pire de loin... héhéhé

Elle est moins pire de loin… héhéhé

Spécial Saint-Valentin

Je suis retombée sur cet article.

Ça m’a fait penser à un paquet de choses en même temps. À ce superbe billet d’une journaliste italienne en Syrie et à sa conclusion terrible :

« If I knew that, then I wouldn’t have been so afraid to love, to dare, in my life; instead of being here, now, hugging myself in this dark, rancid corner, desperately regretting all I didn’t do, all I didn’t say. You who tomorrow are still alive, what are you waiting for? Why don’t you love enough? You who have everything, why you are so afraid? »

Au film Her, que j’ai adoré, et à une de mes citations préférées :

« Sometimes I think I have felt everything I’m ever gonna feel. And from here on out, I’m not gonna feel anything new. Just lesser versions of what I’ve already felt. »

À ce beau poème d’une amie, dont ces quelques lignes qui m’ont frappée :

« Même pas peur
Même pas mal
En fait oui tout le temps
Mais j’aime mieux
La douleur
Que le vide »

Et je me suis dit, fuck les pilules bleues. La vie est si courte, et il faudrait en retirer l’intensité en plus?

Extrait d’un journal

Jusqu’à maintenant j’ai la vie facile
Malgré que c’est pas encore le bonheur

J’écrivais à cause du sanglot. Celui qui est sorti de nulle part tout à l’heure. Celui qui se construisait dans ma gorge et dans mon ventre depuis au moins trois semaines. Il a explosé il y a deux heures, alors que j’étais seule dans ma voiture. J’ai crié, j’ai mal! J’ai mal!

Le mois passé j’ai vu une chatte
Qui est surnommée Elizabeth
Elizabeth et Belzébuth
Dans mes oreilles le beat est bon

Les larmes coulaient à grand débit sur mes joues qui avaient été sèches l’instant d’avant, ma voix surgissait de mes trippes qui s’écrasaient. J’ai mal!

Mal de quoi? Qu’est-ce qu’il me manque? C’est simple de me dire que c’est l’« Amour » – de ce type d’« Amour » -là, parce que des autres sortes, je suis véritablement comblée. Mais au fond, je sais que c’est faux. Je me rappelle très bien avoir eu cette sensation il y a quelques années et pourtant, j’étais dans une relation heureuse.

Je me suis sentie beaucoup mieux après « le sanglot ». Comme lorsqu’on vomit parce qu’on a trop bu.

Ah! Demain dimanche, un autre jour je m’en fous
J’irai, j’irai dans la ruelle
J’irai là où mon coeur m’appelle
Y’est pas question que je passe ma vie
Emprisonné dans ma petite tête
Je suis un félin insoumis
Je tiens mordicus à bien paraître

Je ne veux pas encore vraiment, mais je sens que ça s’en vient. Québec, c’est presque fini. Le risque de rompre mes précieuses attaches encore toutes jeunes m’effraie, mais moins que ne me rebute l’idée de m’y laisser pendre. Je me prépare, pour la deuxième fois de ma vie, à mettre fin à une relation qui a longtemps été une belle histoire d’« Amour ».

Je l’achèterais ton produit

« Les stéréotypes, c’est con. Pour tout le monde. Et si la publicité participe à leur renforcement, ce n’est pas elle qui les crée (pas plus que les méchantes féministes, rassurez-vous). C’est nous, tous les jours, quand on cherche, nous-mêmes, à répondre à ce que l’on croit que la société attend de nous, selon le message qu’elle nous envoie depuis qu’on est haut comme trois pommes. Je ne sais pas qui tient vraiment au maintien de ces rôles, mais ça, c’est un cercle vicieux duquel on est loin d’être sortis. » – Judith Lussier, URBANIA

Je suis contente de lire ce que je pense chez quelqu’un qui écrit si bien.

On s’en fout un peu finalement de quel sexe a la représentation la plus ingrate dans les milieux publicitaires et de divertissement. Qu’il s’agisse de l’homme-cornichon ou de la femme parfaite-mais-oh-combien-casseuse-de-couilles, ce qui blesse, c’est le manque de variété.

Celle qui a dit « on n’a le droit de rire de personne, sauf de l’homme blanc d’âge moyen », elle a arrêté sa réflexion trop tôt. On peut rire de tout le monde; la clé, c’est de pas confondre une personne et un stéréotype, erreur tristement courante. Ce que la fille aurait dû dire, c’est : on n’a pas le droit de rire des stéréotypes. Là, elle aurait eu raison.

N’étant ni noire, ni lesbienne, ni âgée, ni trans, mais (vous rassuré-je) bel et bien femme par contre, je prends les relations entre sexes en exemple; j’imagine que ça pourrait s’appliquer à n’importe quelle autre dynamique.

Anecdotiquement, si j’avais à me comparer à « La Femme », ce mythique personnage féminin unique, je mentionnerais entre autres que je fuis cette pièce de mon appart que l’on nomme la cuisine, que je rate tout le temps les recettes de biscuits, que j’ai un mauvais sens de l’orientation et trop d’orgueil pour demander des directions, que les bébés et les animaux me mettent mal à l’aise et que mon organisation, comme l’univers, démontre une nette préférence pour le chaos. Quand je suis dans une relation amoureuse, ça me tente pas de jouer le rôle de la maman responsable (fuck that). Pis ho mes dieux que j’ai pas tout le temps raison. Mais, bon, tsé, j’ai aussi des qualités; certaines classiquement plutôt « féminines », d’autres classiquement associées aux hommes, puis d’autres encore qui, finalement, n’ont pas de sexe, je pense.

Aux agents créateurs du monde du marketing : pourquoi miser autant sur des « catégories » de personnages, alors que ces modèles nous correspondent réellement si peu? Les clichés ne vous démarquent pas de vos concurrents―ceux-ci les utilisent aussi. Les clichés n’accrochent pas votre public (surtout qu’ils sont généralement ingrats y compris pour le public cible) : ils s’inscrivent déjà si bien dans les sillons de nos idées préconçues qu’ils glissent sur notre esprit sans y laisser de traces particulières. N’est-ce pas pourtant votre objectif, laisser des traces particulières dans notre conscient et subconscient? Aah, c’est plus facile… mais facilité ne rime pas nécessairement avec efficacité. (Enfin, oui, mais on se comprend, là.)

La diversité des représentations : ça semble tout un défi, et pourtant, ça ne l’est pas plus que de se demander si vous pourriez inverser les rôles à l’occasion. Et le faire exprès, des fois, tiens, quitte à déstabiliser. Pourquoi pas? Si vous déstabilisez, vous marquez. Jouez à déplacer les limites des domaines dans lesquels La Femme est toujours plus smatte que L’Homme et vice versa. Jouez à ce que des fois, c’est pas une question de quel sexe est plus smatte que l’autre; ça peut être un beau travail d’équipe de taouins qui se plantent en harmonie. Jouez à ce qu’il y ait tout le temps des « des fois » et jamais de « toujours ». Vous faites en masse assez de quantité de pub pour vous permettre d’offrir ce genre de diversité!

Bon, j’étire. Tout ce que je veux dire, c’est que quand les pubs de ta compagnie pètent les clichés, je l’achète, moi, ton produit.

P.S.: Fuck les stéréotypes.

C’est la faute à Facebook !

Le dude a fait quelque chose de rien de moins qu’effrayant : il s’est passé d’Internet pendant un an. Il s’est d’abord cru libéré, devenant productif et motivé du jour au lendemain. Ça a duré les quelques premiers mois.

 
« By late 2012, I’d learned how to make a new style of wrong choices off the internet. I abandoned my positive offline habits, and discovered new offline vices. Instead of taking boredom and lack of stimulation and turning them into learning and creativity, I turned toward passive consumption and social retreat.

A year in, I don’t ride my bike so much. My frisbee gathers dust. Most weeks I don’t go out with people even once. My favorite place is the couch. (…)

It’s hard to say exactly what changed. I guess those first months felt so good because I felt the absence of the pressures of the internet. My freedom felt tangible. But when I stopped seeing my life in the context of ‘I don’t use the internet,’ the offline existence became mundane, and the worst sides of myself began to emerge. (…)

So much ink has been spilled deriding the false concept of a ‘Facebook friend,’ but I can tell you that a ‘Facebook friend’ is better than nothing. »

 
Alors, la faute à Facebook? Non, ma faute. Mes choix, ma paresse, mes défauts.

 
« What I do know is that I can’t blame the internet, or any circumstance, for my problems. I have many of the same priorities I had before I left the internet: family, friends, work, learning. And I have no guarantee I’ll stick with them when I get back on the internet — I probably won’t, to be honest. But at least I’ll know that it’s not the internet’s fault. I’ll know who’s responsible, and who can fix it. »

 

Bon texte à lire, malgré quelques passages un peu weird.

Gracias a dios es viernes.

Bebo vino con mi coinquilina. Estamos un poquito borrachitas; y cuando estamos borrachas juntas, hablamos en español y escribimos para el público.

(Scroll down for politics.)

Je l’avoue : au moment où j’écris ces lignes, je suis légèrement sous (bonne) influence. J’étais supposée d’écrire un autre truc, un de ces trucs dans la catégorie des trucs que t’écris pour des crédits qui te donnent un diplôme. Mais en débouchant une *hum* troisième bouteille, j’ai fini par accepter que c’était probablement fini pour ce soir, et donc, maintenant, vous lisez ceci.

(D’abord, bustons un mythe : ma vie n’est pas plate parce que je suis sur Facebook un vendredi soir. Non monsieur !)

Une de mes colocs – celle avec laquelle je bois en ce moment mais qui préférerait probablement garder l’anonymat – est rendue à l’étape où elle écrit à n’importe qui sur Facebook, particulièrement à nos vieux amis communs du secondaire. J’en profite pour avouer à travers elle à l’un d’eux

(pis comme on met des tounes québécoises pendant qu’on *HUM HUM* travaille, je suis en train de réaliser que je connais mes Cowboys fringants presque par coeur, wow)

l’énorme kick que j’avais sur lui entre le secondaire I et II. Mais comme elle me dit : tout le monde avait un kick sur c’te p’tit gars-là au secondaire. Au fond, je me sentais juste privilégiée d’avoir son amitié particulière, ce qui m’avait à l’époque donné la triste illusion que j’avais des chances. Oh, friendzoned me !

(Espère toujours maudit moron
T’as une chance sur quatorze millions !)

Il y avait une raison pour laquelle je voulais écrire maintenant sur ce blogue (public) prétentieux, assumant le risque de dévoiler au monde entier que, des fois, je bois du vin le vendredi soir. Ça avait vaguement rapport avec le

(je trouve que j’ai une pas pire voix quand je chante et/ou (?) quand j’ai bu)

(Le scroll down pour la partie politique, c’est ici –>)

dernier billet de Jean-Martin Aussant. En ayant seulement lu le titre, j’ai eu une soudaine révélation divine pas tellement rapport :

L’assimilation, au Québec –

Elle est pas juste linguistique.

Elle est aussi,

(surtout)

(de plus en plus)

idéologique.

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Tsé, un complexe, c’est abstrait; mais ses symptômes sont concrets. Quand on dit que les Français parlent mieux français que nous, ben c’est que notre définition du « français » est extrêmement bizarre. Le français ne nous appartiendrait pas; nous, Québécois, ne pouvons pas décider des normes de notre code de communication, parce qu’il appartiendrait à d’autres qui nous sont supérieurs de par leur plus grande… intelligence linguistique… j’imagine ?

(Wtf.)

Les symptômes de ce complexe linguistique ne tiennent pas seulement dans notre légère gêne à assumer qu’on appelle ça des échalottes et non des oignons verts. Il y en a une grosse partie qui se trouve dans notre eager code-switching from French to English, because hear how well I speak your educated and prestigious language! Please don’t think of me as your regular lol French unambitious/uneducated/racist Quebecer, ’cause hey, see ?! I am bilingual ! (Возможно, что вы пять языки  изучились, но это ничего не значить, говорите ли вы по-английский нет.) Like, I know that my English is only slightly better than your français québécois and that you could also greatly improve if when we meet we practiced it once in a while instead of yours always, but me speaking your language-which-benefits-from-a-universally-approved-and-unambiguously-legitimate-status sounds so much classier than you speaking my bastard-vernacular-variety of a language!

Je disais donc, complexe linguistique. Injustifié. Mais complexe moral, aussi; plus sournois, moins étudié. Moi j’ai fait mes études en linguistique, pas en idéologique. Mais plus j’y pense, plus je vois des rapprochements entre les deux plans.

La pensée Ayn Rand/Ron Paul qui s’est immiscée insidieusement dans les mœurs nord-américaines parce que ceux qui en profitent le plus sont en position de l’imprimer jusque chez ceux-là mêmes auxquels elle cause le plus de dommage – cette pensée-là, ben elle s’est tranquillement rendue jusqu’à chez nous. Parce qu’on n’est pas parfaits, parce qu’on a une dette et qu’elle est pas petite, parce qu’on a une coupe de syndicats trop puissants, parce qu’on a eu des gouvernements mauvais des fois; parce qu’on y est prédisposés et déterminés à admirer la grandeur d’autrui et à se trouver bien petits; les Québécois veulent être plus américains et accollent à cette attitude le mot le plus mélioratif et pourtant le plus indéfini qui soit.

LIBÂRTÉ.

Ils l’ont tellement l’affâre, eux, nos voisins qui ont le gazon plus vert parce qu’ils sont plus au sud et ont un peu moins de neige, les Amâricains.

Le misérabilisme québécois, c’est d’abord un vestige culturel lointain d’une lourde religion qui valorise l’humilité et la petitesse, à mon avis. On nous a inculqué l’envie éternelle de ce qui nous est inaccessible et de ce qui nous paraît supérieur. Hey, Radio X, on n’est pas moins bons que les autres : la social-démocratie capitaliste québécoise, le filet social, l’égalité des chances, ça a fait ses preuves et pas juste chez nous…

La souveraineté du peuple québécois est motivée par deux traits qui nous permettent de nous croire unitaires et distincts du reste du peuple canadien : notre langue commune distincte et nos valeurs communes distinctes.

Honnêtement, si on se fait assimiler par la droite plutôt que par l’anglais, je me demande s’il restera quelque chose à sauver d’un peuple québécois.

Pis puisque nous sommes à l’étape des confessions profondes, vous et moi, je vais vous dire :

Arh.

J’me rappelle plus.

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 À mon kick du secondaire : paix, mec, t’étais vraiment pas le bon puis c’est correct de même 🙂

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Ah oui, ça me revient !!!

#YOLO, c’est peut-être l’étiquette immature par excellence, mais au fin fond, j’adhère tout à fait à la philosophie qu’elle exprime. Tu vis yenqu’une fois mec.

Aucune de ces réponses (4 jours plus tard)

À toi, le mec tellement au-dessus des sentiments naïfs de gens rêveurs : t’es pas obligé d’être méprisant. On le sait que t’es émotionnellement plus tough que les autres puis indépendant. Si ça te fait chier de faire plaisir à la personne qui t’aime cette journée-là spécifiquement parce que c’est pas ça l’amour, ben fais-le donc pas. L’idée c’était d’avoir une journée pour y penser; c’est pour ça qu’elle est différente des autres jours où tu y penses pas par toi-même.

Pourtant, toi t’aimes ça être surpris par une fille qui te connait bien.

Pas parce que c’est inutile que c’est pas l’fun. Pas parce qu’elle est célibataire qu’elle veut un chum. Pas parce que ça lui tente de tirer de la tendresse de sa fréquentation qu’elle va être déçue quand il va s’en aller. Peut-être même que c’est elle, qui va s’en aller.

Elle est pas obligée, mais peut-être que ça lui tente.

C’est vrai, les « petites filles » sont connes d’être rêveuses. Toi, t’as compris l’amour. T’as compris que c’était surtout pas dans les petites attentions. T’as compris qu’une relation, c’est une situation où tu daignes laisser une fille probablement jalouse t’aimer et passer un peu de temps avec toi, surtout la nuit quand vous avez pas trop besoin de parler. Ce qu’elles sont chiantes, ces filles, hein?

Mais moi je suis safe, t’es pas mon genre de mec.

Les petites hypocrisies fatigantes

Évidemment, je ne commencerai pas à parler du Parti Libéral du Québec ni du Parti Conservateur du Canada, parce qu’on n’en finirait jamais. (Lettre à Mme James pour savoir ce que je pense des quelques éléments dont l’hypocrisie paraît moins évidente au PLQ. Puis pour ce qui est du PCC, allez assister à une période de questions ou lisez les journaux.)

Puis j’ai pas le temps non plus d’écrire un mémoire sur le sujet, ni vous d’en lire un.

Donc juste une petite énumération.

1. La divison du vote

Rappel : la division du vote, c’est une hypocrisie énorme, mon PQ. Si vous vous souciiez tant que ça de faire élire des souverainistes progressistes, vous vous seriez alliés aux autres partis, vous auriez fait vôtres les solutions de mode de srutin déjà toutes prêtes pour vous et surtout, la moindre des choses, vous n’auriez présenté personne à Nicolet-Bécancour. Ça, c’était de la vengeance personnelle; faites pas semblant qu’il y a de nobles sentiments d’impliqués. Et Jean-François Lisée qui fait comme si le PQ devançait ON dans ce comté et donc, qu’il aurait dû lui revenir de droit, c’était de la pure malhonnêteté intellectuelle. Depuis, je me méfie de tout ce qui émane de cet illustre personnage. Le PQ a une responsabilité beaucoup plus grande que les « petits partis » dans la division des votes, parce que lui a le pouvoir d’y changer quelque chose et refuse de le faire.

2. La compromission

PQ encore : promettre plein de choses progressistes et ne pas les faire parce qu’on prétend vouloir être un gouvernement conciliant, c’était pas mal cracher dans la face des gens qui ont voté pour vous grâce à votre invention de la division des votes. « On ne veut pas faire tomber le gouvernement si tôt après les élections ». Si les autres partis avaient appuyé votre budget, j’aurais peut-être pensé : ouais, le dialogue, la compromission, c’est des ben belles valeurs. Mais comme ces partis-là sont encore plus partisans que vous, ils n’ont PAS appuyé votre budget au progressisme très très dilué et c’était 1000% prévisible. Donc, votre belle « modération », c’était soit stupide et mal informé, soit carrément hypocrite. Après ça, vous blâmez les électeurs des petits partis de ralentir leur propre cause et leur promettez d’en faire plus si vous êtes majoritaires la prochaine fois. PQ, vous aviez les mains libres pour faire ce que vous croyiez vraiment, si vous y croyiez vraiment, minoritaire ou pas. En passant, merci pour Gentilly et pour l’annulation de la hausse.

3. La souveraineté négative

La stratégie souverainiste du PQ, c’est de créer de toutes pièces une crise constitutionnelle et de surfer sur une vague de mécontentement purement situationnelle. Étape 1 : Réclamer plus de pouvoirs au fédéral sachant pertinemment que ce sera refusé dédaigneusement. Étape 2 : S’assurer que ça fasse une crise. Étape 3 : Lire les sondages pour voir si les Québécois sont choqués. Sinon, répéter; si oui, passez à l’étape 4. Étape 4 : Référendum ! Sauf que c’est malhonnête, c’est vain, et ça ne convaincra personne. Quinze jours plus tard, la souveraineté, les gens n’en voudront plus.

4. La souveraineté, bis

Le PQ ne fera pas la souveraineté, ils savent pas comment. Get over it.

5. Le ménage à l’envers

J’ai hésité à mettre la CAQ dans la même catégorie que le PLQ et le PCC – c’est-à-dire des cas perdus d’avance. Le fonctionnement caquiste, c’est de nommer des problèmes au Québec (on est toujours pire qu’ailleurs, préférablement si ailleurs c’est le ROC et les États-Unis) et de faire semblant qu’on sait comment les régler. Sans avoir consulté les gens qui s’y connaissent vraiment, parce que tsé, ça donnerait des solutions trop compliquées pour être résumées en un titre de journal. Le truc, c’est de compter sur le fait que les gens ne s’informeront pas plus loin. Miser sur l’intelligence des électeurs, dit Aussant; miser sur leur aveuglement, dit Legault.

6. Clarté fédérale

Très actuellement, la tentative du Bloc québécois de faire abroger la Loi sur la clarté (qui, on s’en souvient, est une grosse merde) est peut-être d’abord  une grosse manœuvre pour prouver sa pertinence aux yeux de la population québécoise et défier le NPD en s’assurant de le coincer dans une position inconfortable : quoi qu’il en soit, ils ont raison. Cette épaisse hypocrisie de loi est démocratiquement indéfendable. Or, le NPD, qui nous a habitués à se tenir au-dessus de ce stratagérisme partisan, refuse de s’associer aux bloquistes pour garder la face devant les Canadiens et essaie en même temps de ne pas se faire d’ennemis au Québec en déposant son propre projet de loi. Au détriment de la justice, parce que grâce à cette technique tordue, ni le projet du Bloc, ni le leur ne passera et la vieille crosse de Stéphane Dion continuera à servir de guillotine au-dessus de la tête d’un oui québécois. (Évidemment, si je ne parle pas des libéraux et des conservateurs, c’est parce qu’ils sont là-dedans jusqu’au cou anyway).

(OK, finalement pas si petites, ces hypocrisies, et pas si légère, cette énumération. Moi aussi, je vous ai trompés.)

Hey, les partis ! hey, mes représentants ! Votre job, c’est de voir aux meilleurs intérêts du peuple. Croire que votre parti est tellement meilleur que les autres que même tromper les citoyens est correct pourvu que vous gardiez/preniez le pouvoir, c’est l’apanage des conservateurs. (Quant au PLQ, il est juste tellement corrompu que je ne leur crois même pas une idéologie si noble). Ayez confiance en la capacité des électeurs de choisir. Que vos conclusions diffèrent des miennes sur ce qui est bien ou pas, ok. Mais si vous commencez à faire passer le parti avant la justice, avant l’intégrité, avant la vérité – ne vous surprenez pas qu’on vous croie tous pareils.