Bebo vino con mi coinquilina. Estamos un poquito borrachitas; y cuando estamos borrachas juntas, hablamos en español y escribimos para el público.
(Scroll down for politics.)
Je l’avoue : au moment où j’écris ces lignes, je suis légèrement sous (bonne) influence. J’étais supposée d’écrire un autre truc, un de ces trucs dans la catégorie des trucs que t’écris pour des crédits qui te donnent un diplôme. Mais en débouchant une *hum* troisième bouteille, j’ai fini par accepter que c’était probablement fini pour ce soir, et donc, maintenant, vous lisez ceci.
(D’abord, bustons un mythe : ma vie n’est pas plate parce que je suis sur Facebook un vendredi soir. Non monsieur !)
Une de mes colocs – celle avec laquelle je bois en ce moment mais qui préférerait probablement garder l’anonymat – est rendue à l’étape où elle écrit à n’importe qui sur Facebook, particulièrement à nos vieux amis communs du secondaire. J’en profite pour avouer à travers elle à l’un d’eux
(pis comme on met des tounes québécoises pendant qu’on *HUM HUM* travaille, je suis en train de réaliser que je connais mes Cowboys fringants presque par coeur, wow)
l’énorme kick que j’avais sur lui entre le secondaire I et II. Mais comme elle me dit : tout le monde avait un kick sur c’te p’tit gars-là au secondaire. Au fond, je me sentais juste privilégiée d’avoir son amitié particulière, ce qui m’avait à l’époque donné la triste illusion que j’avais des chances. Oh, friendzoned me !
(Espère toujours maudit moron
T’as une chance sur quatorze millions !)
Il y avait une raison pour laquelle je voulais écrire maintenant sur ce blogue (public) prétentieux, assumant le risque de dévoiler au monde entier que, des fois, je bois du vin le vendredi soir. Ça avait vaguement rapport avec le
(je trouve que j’ai une pas pire voix quand je chante et/ou (?) quand j’ai bu)
(Le scroll down pour la partie politique, c’est ici –>)
dernier billet de Jean-Martin Aussant. En ayant seulement lu le titre, j’ai eu une soudaine révélation divine pas tellement rapport :
L’assimilation, au Québec –
Elle est pas juste linguistique.
Elle est aussi,
(surtout)
(de plus en plus)
idéologique.
———————————-
Tsé, un complexe, c’est abstrait; mais ses symptômes sont concrets. Quand on dit que les Français parlent mieux français que nous, ben c’est que notre définition du « français » est extrêmement bizarre. Le français ne nous appartiendrait pas; nous, Québécois, ne pouvons pas décider des normes de notre code de communication, parce qu’il appartiendrait à d’autres qui nous sont supérieurs de par leur plus grande… intelligence linguistique… j’imagine ?
(Wtf.)
Les symptômes de ce complexe linguistique ne tiennent pas seulement dans notre légère gêne à assumer qu’on appelle ça des échalottes et non des oignons verts. Il y en a une grosse partie qui se trouve dans notre eager code-switching from French to English, because hear how well I speak your educated and prestigious language! Please don’t think of me as your regular lol French unambitious/uneducated/racist Quebecer, ’cause hey, see ?! I am bilingual ! (Возможно, что вы пять языки изучились, но это ничего не значить, говорите ли вы по-английский нет.) Like, I know that my English is only slightly better than your français québécois and that you could also greatly improve if when we meet we practiced it once in a while instead of yours always, but me speaking your language-which-benefits-from-a-universally-approved-and-unambiguously-legitimate-status sounds so much classier than you speaking my bastard-vernacular-variety of a language!
Je disais donc, complexe linguistique. Injustifié. Mais complexe moral, aussi; plus sournois, moins étudié. Moi j’ai fait mes études en linguistique, pas en idéologique. Mais plus j’y pense, plus je vois des rapprochements entre les deux plans.
La pensée Ayn Rand/Ron Paul qui s’est immiscée insidieusement dans les mœurs nord-américaines parce que ceux qui en profitent le plus sont en position de l’imprimer jusque chez ceux-là mêmes auxquels elle cause le plus de dommage – cette pensée-là, ben elle s’est tranquillement rendue jusqu’à chez nous. Parce qu’on n’est pas parfaits, parce qu’on a une dette et qu’elle est pas petite, parce qu’on a une coupe de syndicats trop puissants, parce qu’on a eu des gouvernements mauvais des fois; parce qu’on y est prédisposés et déterminés à admirer la grandeur d’autrui et à se trouver bien petits; les Québécois veulent être plus américains et accollent à cette attitude le mot le plus mélioratif et pourtant le plus indéfini qui soit.
LIBÂRTÉ.
Ils l’ont tellement l’affâre, eux, nos voisins qui ont le gazon plus vert parce qu’ils sont plus au sud et ont un peu moins de neige, les Amâricains.
Le misérabilisme québécois, c’est d’abord un vestige culturel lointain d’une lourde religion qui valorise l’humilité et la petitesse, à mon avis. On nous a inculqué l’envie éternelle de ce qui nous est inaccessible et de ce qui nous paraît supérieur. Hey, Radio X, on n’est pas moins bons que les autres : la social-démocratie capitaliste québécoise, le filet social, l’égalité des chances, ça a fait ses preuves et pas juste chez nous…
La souveraineté du peuple québécois est motivée par deux traits qui nous permettent de nous croire unitaires et distincts du reste du peuple canadien : notre langue commune distincte et nos valeurs communes distinctes.
Honnêtement, si on se fait assimiler par la droite plutôt que par l’anglais, je me demande s’il restera quelque chose à sauver d’un peuple québécois.
Pis puisque nous sommes à l’étape des confessions profondes, vous et moi, je vais vous dire :
…
Arh.
J’me rappelle plus.
———————————-
À mon kick du secondaire : paix, mec, t’étais vraiment pas le bon puis c’est correct de même 🙂
———————————-
Ah oui, ça me revient !!!
#YOLO, c’est peut-être l’étiquette immature par excellence, mais au fin fond, j’adhère tout à fait à la philosophie qu’elle exprime. Tu vis yenqu’une fois mec.